Les romans qui prouvent l’existence de Dieu sont les romans qui n’auraient pu être écrits si Dieu n’avait pas existé. Toutes les œuvres de fiction répondent à cette définition. Même les livres de Marc Levy car Dieu est infiniment bon.
Quand le petit Marco se présentera à la porte du paradis, Saint Pierre l’accueillera avec un grand sourire de connivence et le remerciera pour toutes ses belles pages reposantes. Il l’emmènera à l’intérieur du jardin céleste et derrière un nuage blanc cotonneux, il lui donnera une grosse fessée. Marco a une jolie frimousse mais il n’a pas été très sage, pendant toute sa vie il a servi une soupe insipide en prétendant qu’il s’agissait d’ambroisie. Une soupe sucrée dont les pauvres d’esprit s’abreuvent jusqu’à ce que leur neurone soit tout embrouillardé de glucose. Du coup, leur unique synapse caramélise quand ils réfléchissent et ils se retrouvent la larme à l’œil et le croupion coincé devant la télévision. Ils finissent par voter à gauche car c’est à gauche qu’il y a le cœur. Sauf les têteux de la vinasse car le foie est à droite. La colère de Saint Pierre est donc compréhensible mais elle ne dure jamais longtemps et je suis bien sûr qu’après la calotte il enverra l’espiègle petit Marco jouer aux billes avec ses amis Willy et Annette, Guillaume Musso et Anna Gavalda.
En revanche quand l’honorable barbu recevra Christine Angot, il est fort possible que malgré l’œuvre romanesque de la grande auteuse, il l’envoie aux portes du pénitencier voisin. Il lui dira « Christine, va voir là bas si j’y suis et brosses toi les dents ». En effet Christine a mauvaise haleine. Et cela ne s’arrangera pas au ciel où les entrailles des vicieux pourrissent. Je conseille à notre amie écrivaine de se munir d’un tube de Denivit au moment crucial. Elle pourra en prêter à Virginie Despentes dont l’épigastre commence déjà à moisir sur terre. La pauvre a une tête de lit défait, elle ressemble à un drap sale.
Le romancier est un messager de Dieu car ses ouvrages sont le témoignage qu’un homme ne peut se satisfaire d’une vie sans métaphysique. Quand bien même, il écrirait : « Dieu n’existe pas », il démontrerait encore un intérêt pour une question qu’il ne se serait jamais posé si elle n’avait pas été suscitée par l’appétence des choses métaphysique. Même Loana est une appéteuse. Or comment expliquer que nous soyons intéressés par des questions que nos sens sont incapables de provoquer ? Je vous le demande Emile. Et je vous répondrais par la seconde preuve thomiste, du nom d’un vénérable fromager savoyard du treizième siècle. Si vous n’êtes pas satisfait, je pourrais également vous fournir la première. Je pourrais le faire. Oui.
Je ne vais pas le faire car je les ai déjà fournies de nombreuses fois et que radoter me fatigue. Comme Bouddha Siddhârta le disait en sortant du Starbuck avenue de l’opéra « Qui va radotant, souvent finit médusé », allusion fortuite à Géricault et son célèbre radeau de la méduse. Les âmes peu charitables pourraient me faire remarquer qu’il serait très étonnant que Bouddha Siddhârta se trouve à Paris en ce moment puisque chacun sait qu’il réside dans la propriété de Richard Gere à Los Angeles. Cela n’est pas l’avis du dernier Closer et elles feraient bien de se mettre au courant si elles ne veulent pas passer pour des belettes. La belette est très conne.
Il est néanmoins des romans qui prouvent plus directement l’existence de Dieu, ce sont ceux qui abordent de façon frontale les questions surnaturelles. Paulo Coelho, surnommé « Ié soui l’élou » par de facétieux éditeurs qui lui trouvent un air de gourou new age à la mode portugaise, en a commis quelques uns, ce ne sont pas les meilleurs. Ils ne seront peut être même pas suffisants pour que Saint Pierre accueille Ié soui l’élou dans son parc. En revanche de fiers écrivains moustachus ont écrits quelques chefs d’œuvre qui démontrent qu’un roman peut traiter des sujets graves et être plus convainquant qu’une longue théorie de mots, de concepts et de phrases.
1. Le journal d’un curé de campagne – Bernanos
Quand je n’arrive plus à regarder Plus belle la vie sans renvois gastriques, je prends ce livre et je lis le passage qui confronte le jeune curé de campagne et la comtesse. Dans cet échange, il y a tout ce que la littérature peut offrir de meilleur, du style, du rythme, du sens, une intelligence des caractères portée à une perfection rarement atteinte. Le jeune prêtre fait face à une femme brisée, grandie par le chagrin mais glaciale. C’est bouleversant et je verse des larmes presque systématiquement. A la fin de l’entretien, la femme jette le médaillon contenant une boucle des cheveux de son enfant mort et elle retrouve la foi. Elle meurt le lendemain de son altercation avec l’ecclésiastique.
2. Là bas – Huysmans
Un roman pour découvrir les obscures pratiques satanistes de certaines sociétés secrètes à l’aube du vingtième siècle. Ou comment prouver l’existence de Dieu en dévoilant les pompes du démon.
3. Crime et châtiment – Dostoïevski
Le plus grand roman de tous les temps (voir classement de ce blog) est imprégné d’une thématique christique que nos chers jésuites n’auraient pas reniée. La rédemption par la souffrance, la « nuit » mystique dans laquelle est plongée Raskolnikov, le long calvaire de son errance à travers la ville révèlent une foi profonde et puissante. Atavisme russe.
4. Sous le soleil de Satan – Bernanos
Bernanos aimait les prêtres et la campagne, sujets de ces deux chefs d’œuvre. A lire pour la scène où le curé « croise » le démon sur une route de campagne désolée. Une rencontre avec l’un des biomans aurait eu une portée moins intéressante.
5. Mort, où est ta victoire ? – Daniel Rops
Plus personne ne lit Rops, vieil académicien décati dont les romans sentent un peu la naphtaline. Pourtant Mort, où est ta victoire ? est un livre sympathique, il raconte la vie d’une femme rousse qui use de ses charmes pour gravir les échelons de la société. Evidemment elle finit bonne sœur et son destin montre que l’on peut toujours se racheter. Les vieux catholiques sont d’incorrigibles fleurs bleues.
6. Le maître et Marguerite – Boulgakov
Fantasmagorie à classer parmi les livres les plus importants de l’histoire de la littérature. Parmi les protagonistes, on trouve Satan et un homme dont on devine qu’il pourrait s’agir du Christ. Et un chat nommé Belzebuth absolument irrésistible, gras, roué, version sombre de Garfield. Michel, je ne te félicite pas.
7. Thérèse Desqueyroux – François Mauriac
Thérèse Desqueyroux rentre en train dans la propriété familiale après avoir été acquittée du meurtre son mari. Durant son voyage elle songe à ce qui l’a amené au geste irréparable. Style somptueux, thèmes mauracien par excellence, les travers d’une bourgeoisie de province engoncée dans un prêt à penser étouffant, ce livre renferme aussi les interrogations d’une femme face à la foi et à la rédemption. Les vieux catholiques sont d’incorrigibles mysogines.
8. Le pavillon des cancéreux – Soljenitsyne
La vie de différents personnage autour d’un hôpital de province ou l’on soigne des malades atteints d’un cancer. Soljenitsyne construit tout un univers social et l’on passe d’un personnage à l’autre sans transition. On s’attache finalement à un personnage qui vient juste d’être libéré du goulag mais auquel on apprend qu’un cancer va probablement ruiné le reste de la vie. L’auteur nous parle de résignation, de lutte pour la survie, de colère mais surtout de foi. Incontournable.
9. Le seigneur des anneaux – Tolkien
L’univers de Tolkien est empreint de mythologies diverses et variées, l’histoire brasse des symboles religieux et on reconnaît en filigrane une morale toute chrétienne. Tout dans cette histoire rappelle l’existence d’une réalité non tangible qui nous dépasse et transcende la moindre de nos actions.
10. Da Vinci Code – Dan Brown
Il est probable que Dan Brown n’aurait pas écrit son roman si Dieu n’avait pas existé.
Edouard.
Anonyme
2 juillet, 2017 à 11:22
Pauvre Dan Brown,q se voir ainsi « récupéré »